« Que pensez-vous d'Éric Escoffier ? Posez cette question à Chamonix, c'est vous attirer à coup sûr des haussements d'épaules, des sourires narquois ou des réponses genre « Escoffier, bof ! il est un peu fou. » Et oui, ce Lyonnais de 27 ans dérange. Pensez donc, il touche à tout : pilote de rallye, saute en delta, en parapente et, crime des crimes, s'amuse avec la montagne en lançant des défis insensés apparemment comme ça, sans réfléchir et aussi sans se préparer sérieusement. » Ainsi commence le film.
C'est Eric Escoffier lui-même, à travers les entretiens qu'il a pu donner pour la télévision et des images d'archives, qui raconte cette vie qu'il préférait « vivre sur une courte période comme un lion, plutôt que 150 ou 200 ans comme un mouton ».
Le « style Escoffier », c'est un cocktail unique de légèreté, de rapidité et de culot. Un équipement minimal, pas de reconnaissance fastidieuse, pas de stress, mais des paris à la limite du possible, et une solide réputation de casse cou.
Etre autonome, rapide, improviser, telle était sa règle de vie.
Dès 1985, tout lui réussi : enchaînement en solo « éperons Croz-Walker » aux Grandes Jorasses avec liaison en delta ; niveau 8A en falaise ; première hivernale aux Grandes Jorasses ; enchaînement de trois 8000m (GI, GII, K2 en 3 semaines au Pakistan) ; première ascension de la cascade de la pisse ; parapentiste ; copilote au rallye de Monte Carlo 86 ; Trilogie en 1987. Comme il aime à le répéter : « rien n'est impossible ». II semble indestructible.
Pourtant, le 11 septembre 1987, un accident de voiture le laisse hémiplégique. II remonte la pente, se fixant plusieurs objectifs. Le 29 juillet 1998, la cordée Pascale Bessière-Eric Escoffier disparaissait au Pakistan, sur l'arête sommitale du Broad Peak, vers 7800 m. Le 9 août 1998, Eric allait fêter ses 38 ans.